Emmanuel Macron : l’Europe est sa patrie [commentaire]1 |
Nicolas Sarkozy, qui a dîné en couple il y a une semaine à l’Élysée, se dépensait sans compter. François Hollande se hâtait lentement. Emmanuel Macron, lui, ne marche plus, il court.
C’est la première impression ressentie à l’occasion de cet entretien exclusif que le Président a accordé à Ouest-France et à nos partenaires du groupe allemand Funke, la veille d’un 14-Juillet et d’un gros conseil des ministres franco-allemand.
Indépendamment des propos et des annonces, cette énergie alimente une sorte de tourbillon élyséen, dont on ignore s’il est annonciateur d’un moment historique, comme il semble le croire, ou d’une illusion de changement, comme le prédisent ses détracteurs.
Le projet, rien que le projet, mais tout le projet. Sur le fond, Macron Président confirme ce que promettait le candidat Macron : baisse de la dépense et des impôts, hausse de l’investissement, flexibilité économique et sociale.
À l’entendre, il n’y a pas de doute à avoir, ni sur le fond, ni sur le rythme. Et si Édouard Philippe a pu sembler prudent sur le calendrier, Emmanuel Macron, lui, veut le respecter et appliquer l’essentiel du projet dans les deux ans.
Sous-entendu, après, ce serait trop tard : on ne réforme que dans l’élan de l’élection ; il faut agir vite pour espérer des résultats avant 2022 ; et il faut tenir les promesses pour garder la confiance des acteurs qui font la croissance.
Mieux, quand on écoute Emmanuel Macron, on a l’impression que son projet est comme appliqué, que son adoption par le Parlement n’est qu’une formalité. Reste à savoir si les masses budgétaires en jeu, assez limitées en réalité, suffiront à enclencher un cercle vertueux.
Une France influente
La seconde impression est que le monde est son terrain de jeu, l’Europe sa patrie.
Son projet est sans doute de nature à créer de la confiance, en particulier envers Angela Merkel dont la réélection annoncée, en septembre, offrirait quatre ans de visibilité et de stabilité pour jeter les bases d’une Europe désirable.
Dans l’autre sens, il conçoit l’Europe comme le passage obligé pour la France vers un nouveau développement économique, culturel, environnemental. Une conviction sans cesse réaffirmée, à l’origine d’un activisme débordant.
Au-delà de l’Europe, c’est plus largement l’influence de la France dans le monde, là où on l’attendait moins, qu’il entend cultiver.
À travers la culture, comme en témoigne l’idée d’un Erasmus culturel. À travers les Jeux olympiques dont il fait un support d’image - les gants de boxe et la raquette de tennis - mais aussi une occasion d’affirmation nationale. À travers, ce qui surprend plus, l’environnement.
Emmanuel Macron fait de la lutte contre le réchauffement une opportunité diplomatique. Ainsi, il met les opinions de son côté contre Donald Trump, en visite à Paris pour ce 14-Juillet. Il en fait un moyen diplomatique de combattre le dumping environnemental qui fausse la concurrence, nourrit des conflits et les migrations.
Le président français ose tout, sur tous les fronts. Spécialement sur le front européen qui donne tout son sens à sa politique. Ce faisant, il réserve la part la plus austère à son Premier ministre, se réservant la plus audacieuse, la plus valorisante. Et la plus incertaine !